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Champions – Episode 02 : Mario Andretti
Champions – Episode 02 : Mario Andretti
Dans Champions nous revenons sur la carrière des champions du monde de Formule 1. Pour se deuxième épisode on se penche sur la carrière, très éclectique du dernier champion du monde made in USA : Mario Andretti !
Nous écouter :
Dimanche cinq septembre 1954, un groupe d’adolescents se rend sur l’Autodromo Nazionale di Monza pour assister aux exploits du double champion du monde Alberto Ascari au volant de sa Ferrari.
Les amis se faufilent sous les grillages de l’enceinte pour aller s’installer en bord de piste et voir passer les bolides.
Si ce jour-là c’est Juan Manuel Fangio qui s’impose au volant de sa redoutable Mercedes W196, alors qu’Ascari doit malheureusement abandonner au 48ème tour, les ados restent émerveillés par le spectacle auquel ils viennent d’assiste. Parmi eux, un jeune homme se met à rêver d’un jour être au départ d’une de ces courses, c’est Mario Andretti !
Statistiques :
1
titre
12
victoires
18
poles
19
podiums
128
Grands Prix
1
Non départ
Vingt-quatre ans plus tard, le dix septembre 1978, Mario Andretti est en pole position de ce même Grand Prix, théâtre de la quatorzième manche de la saison.
Un peu plus loin sur la grille, on retrouve Ronnie Peterson en cinquième position. Seul pilote mathématiquement en mesure de priver Andretti du titre mondial. Mais le Suédois prendra le départ avec un handicap sur son équipier. Suite à un accident lors du warm-up qui a détruit sa Lotus 79, Peterson doit en effet se contenter du modèle de l’année précédente. Une situation qui ne manque pas de l’agacer. L’écurie disposant d’un mulet mais dédié à Andretti dont Chapman a fait le numéro 1 de l’équipe pour cette saison 1978, estimant que l’investissement de l’Américain, qu’il considérait comme l’héritier de Clark, dans le développement de la 79 devait être récompensé.
Lors de ce week-end italien, la tension dans le box Lotus est à son paroxysme. Il faut dire que l’annonce deux semaines auparavant du recrutement de Peterson par McLaren ne faisait que renforcer la volonté de Chapman de voir Andretti titré. Pas question pour lui que le numéro 1 parte à la concurrence l’année suivante.
Il est quinze heures à Monza lorsque les feux passent au vert…trop tôt pour que les derniers pilotes de la grille se soient immobilisés sur leur emplacement.
Surpris, Peterson loupe son envol se voit dépassé par des pilotes qui, de facto ont pris un départ lancé, dont James Hunt en lutte avec l’Arrows de Patresse. La suite reste encore aujourd’hui plutôt floue. Hunt prétendant que Patresse l’a heurté en le dépassant alors que le Brésilien déclare avoir terminé sa manœuvre au moment où la McLaren de Hunt est allée toucher la Lotus de Peterson l’envoyant dans le rail.
Toujours est-il que la 78 numéro six du Suédois se retrouve au milieu de la piste, en feu.
Extrait de sa monoplace par Hunt et Regazzoni et conscient, Peterson est héliporté à l’hôpital pour y être opéré alors qu’un nouveau départ est donné quelques heures plus tard.
Et au terme des quarante tours de l’épreuve, Andretti passe sous le drapeau à damier en vainqueur devant Gilles Villeneuve mais les deux hommes se verront pénalisés pour départ anticipé et c’est donc Lauda qui s’impose. Cinquième le pilote Lotus est tout de même sacré champion du monde. Un titre éclipsé par l’accident de son équipier qui succombera à ses blessures dans la nuit.
Ce titre au goût amer constitue pourtant sans aucun doute le point culminant de la carrière de ce pilote éclectique pour qui la F1 était le rêve ultime. A tel point que lorsqu’en 1955 il quitte l’Italie avec sa famille, Mario et son frère Aldo se disent ‘Mais il n’y a pas de F1 aux Etats-Unis.’ Le rêve semblait alors s’éloigner.
Mais le virus de la course ne restera pas sur le vieux continent. Rapidement les deux frangins trouveront le moyen de s’acheter une vieille midjets et en 1959, Mario prend le départ de sa première course sur l’autodrome de Nazareth en Pennsylvanie. Premiers départs, premières victoires. Quinze jours plus tard c’est au tour d’Aldo de se glisser derrière le volant avec le même succès. Les deux frères se voient rapidement affublé d’un surnom par leurs adversaires : ‘Les sauvages’.
Mais si ces premiers succès conduiront Mario jusqu’en F1. Pour Aldo, le rêve s’achève lors de la dernière course de la saison1959. Ce jour-là il sort violement de la route et après quinze jours dans le coma se réveille avec une vue et une ouïe altérée qui l’empêcheront de poursuivre ce qui aurait sans doute pu être une belle carrière.
Dorénavant Mario courra pour donc pour deux. C’est sans doute ce qui explique, encore aujourd’hui, son attachement au clan.
A ses débuts il sillonnait les Etats-Unis en nomade accompagné de sa femme Dee-Ann et de leurs deux enfants, Michael et Jeff.
Après avoir fait ses classes en Midget, Mario passe en USAC, plus connu sous le nom d’IndyCar en 1964. Ce qui lancera véritablement sa carrière.
En 1965 il termine troisième de ses premiers 500 Miles d’Indianapolis. Epreuve qu’il ne remportera qu’une seule fois, en 1969 en pas moins de 29 participations.
D’ailleurs si en Europe on le connait principalement pour avoir piloté les célèbres Lotus noir et or, oubliant souvent son titre de champion du monde, c’est au pays de l’oncle Sam que Andretti a construit la majeure partie de son palmarès avec, outre cette victoire aux 500 Miles, quatre titres de champions USAC/IndyCar et deux titres de vice-champion entre 1964 et 1994 soit 407 courses disputées, cumulant 52 victoires, 65 poles et 141 podiums.
Andretti c’est également une victoire aux 500 Miles de Daytona, du Michighan et de Pocono, un succès à Pikes Peak, trois aux 12 heures de Sebring, et quatre au Grand Prix de Long Beach. Seul manque à ce palmarès de légende un sacre aux 24 heures du Mans auxquels il participera à huit reprises ne terminant jamais mieux que deuxième en 1995.
Au milieu de ce parcours la F1 sonne presque comme une parenthèse. C’est en 1968 que Andretti prend le volant d’une Lotus 49B pour la première fois. Colin Chapman cherchant un remplaçant au regretté Jim Clark décédé lors d’une course de F2 en Allemagne.
Clin d’oeil de l’histoire, c’est à Monza qu’il doit prendre son premier départ mais inquiet par la pointe de vitesse du nouveau venu, Enzo Ferrari fait appel au règlement interdisant alors à un pilote de prendre part à deux courses internationales à 24 heures d’intervalles.
Et comme Andretti devait également honorer un engagement en sprint car ce week-end-là…il devra attendre l’épreuve de Watkins Glen dans son pays d’adoption pour se hisser en pole position. Il sera moins chanceux le lendemain.
Malgré des débuts encourageants, Mario Andretti ne fera que des apparitions sporadiques, remportant néanmoins sa première victoire en 1971 à Kyalami au volant d’une Ferrari, jusqu’en 1975 avec l’équipe Vel’s Parnelli qui participera à 16 GP de 1974 à 1976. En 1976 il rejoint l’équipe qui lui avait donné sa chance quelques années plus tôt : Lotus. Il s’imposera lors du célèbre Grand Prix du Japon disputé à Fuji sous des trombes d’eau, mettant fin à presque deux saisons de vaches maigres pour le team britannique.
En 1977 Chapman développe la Lotus 78 a effet de sol. Redoutable en courbe mais manquant de fiabilité et de vitesse de pointe elle ne permet pas à Andretti de se battre pour le titre face à Niki Lauda mais l’Américain décroche tout de même quatre succès avant de s’adjuger le titre en 78 dans les circonstances que l’on connait.
La suite sera moins brillante comme si Andretti avait quelque peu perdu le feu sacré. Dans le même temps Lotus connait une baisse de performance également. En 1979 il ne fera pas mieux qu’une troisième place en Espagne et terminera douzième du championnat.
En 1980 et 81 il végète au sein de l’écurie Alfa Roméo ne récoltant que quatre points en deux saisons ! Si bien qu’au départ de la première manche de la saison 1982, Mario Andretti est absent. Le champion s’en est retourné aux Etats-Unis. Il reviendra pourtant à Long Beach remplaçant Carlos Reutmann parti subitement à la retraite chez Williams. Quatorzième sur la grille il abandonne en course. On verra une dernière fois le casque gris en fin de saison à Monza pour une dernière pole et un dernier podium au volant d’une monoplace flanquée du cheval cabré. Un joli chant du cygne pour celui qui s’était mis à rêver de F1 presque trente ans auparavant sur ce même tracé en regardant passer un bolide rouge.
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