La Formule 1 ou F1 est souvent considérée comme LA catégorie reine du sport automobile. Le but ultime de tout jeune pilote qui use ses couches culottes sur les pistes de karting. Et comme 2024 marquera la 75ème saison de la discipline on s’est dit que c’était une...
Champions – Episode 04 : Keke Rosberg
Champions – Episode 04 : Keke Rosberg
Champions revient sur la carrière des champions du monde de Formule 1. Dans ce quatrième épisode du podcast, focus sur le parcours d’un champion souvent sous-estimé : Keke Rosberg !
En 1983, les monoplaces équipées de moteur Turbo possèdent un net avantage sur l’antique Ford DFV atmosphérique. Mais la victoire de John Watson dans les rues de Long Beach montre que les Brabham et autre Ferrari ne sont pas imbattables.
C’est donc avec une certaine confiance que Williams, qui a remporté le titre pilote la saison précédente, pose ses valises dans la Principauté de Monaco.
Mais au terme de la séance qualificative force est de constater que les Turbo sont devant. Alain Prost décroche la pole position devant René Arnoux. Les FW08C sont, elles, respectivement cinquième et huitième.
Au moment de quitter les stands pour rejoindre la grille de départ, quelques goûtes de pluie viennent semer le trouble dans l’esprits des stratèges.
Après quelques tours d’installation, Les pilotes Williams décident de prendre le départ avec des gommes pour piste sèche au contraire des pilotes de pointe devant eux composer avec la puissance de leur bloc moteur.
A l’extinction des feux, la Williams numéro 1 se glisse immédiatement dans les échappements de la Renault d’Alain Prost avant de prendre le meilleur sur le Français au tour suivant.
Rapidement la pluie cesse et force de nombreux pilotes à repasser par les stands. Le leader, lui ne lâche rien. Conscient qu’a pneus égaux les voitures Turbo reviendront très vite à son contact. Il doit donc se construire une avance confortable.
Au terme des 76 tours, Keke Rosberg franchi la ligne en vainqueur avec plus de 18 secondes d’avance sur la Brabham de Piquet qui a pourtant attaqué comme un beau diable. Ce jour-là, le Finlandais était déterminé à montrer à ses détracteurs que son titre mondial décroché la saison précédente n’était pas le fruit du hasard.
Statistiques :
1
titre
5
victoires
5
poles
17
podiums
114
Grands Prix
14
Non départs
J’étais une prostituée, payé pour conduire n’importe quoi comme d’autres le sont pour aimer n’importe qui.
Roule Keke !
Il faut dire que rien ne prédestinait Keijo Erik Rosberg, né le 6 décembre 1948 en Suède, à devenir pilote de F1 et encore moins champion du monde. La Finlande est plus une terre de rallye que de circuits et lorsqu’il débarque dans le paddock de Kyalami pour la troisième manche du championnat du monde 1978 de Formule 1, il n’est que le 2ème pilote finlandais à prendre le départ d’un Grand Prix.
Avant lui seul Leo Kinnunen a participé à une épreuve de F1. Qualifié 25ème du GP de Suède 1974 il abandonne sur problèmes électriques.
En 1977 Mikko Kozarowitzky tente de se qualifier à cinq reprises…mais sans succès.
Pour en arriver là, Keke n’est pas passé par les voies classiques. S’il a bien débuté en karting, il a remporté le championnat finlandais à cinq reprises, avant de quitter son pays pour rouler dans à peu près tout ce qui roule : Formule VW, série Tasmane, championnat d’Europe de F2, Formule Atlantic, Temporada F2. En 1978 il dispute pas moins de 42 courses, au point de se considérer lui-même comme “une prostituée, payé pour conduire n’importe quoi comme d’autres le sont pour aimer n’importe qui.”
Après avoir joué les intérimaires entre les équipes Theodore Racing et ATS en 78, Rosberg se tourne vers la CanAm signant un contrat avec l’écurie de Carl Haas qui se ravisera au dernier moment lui préférant finalement Jacky Ikcx sur les conseils de Jackie Stewart.
Sans volant il retrouve un baquet au milieu de la saison 79, récupérant le volant laissé vacant par Hunt au sein de l’équipe Wolf. Pour 1980 et 81 il rejoint le team fondé par les frères Fittipaldi. Il marquera ses premiers points en 80 avant de refaire choux blanc l’année suivante. Lassé par la médiocrité du matériel à sa disposition et du manque de résultat, Rosberg démissionne fin 81 alors qu’il dispose encore d’une saison de contrat.
En signant sa lettre, Keke ne se fait guère d’illusion, son passage en F1 est terminé. Jamais il n’a été considéré par des équipes de pointe et à 33 ans il n’y a aucune raison que cela ne change. Ses seuls atouts étant une victoire hors championnat en 78 et le fait d’avoir dominé ses équipiers, dont Emerson Fittipaldi.
Champion surprise
Pourtant le 23 janvier 1982, le Finlandais est bien au départ du premier Grand Prix de la saison au volant de la Williams FW08. Un choix par défaut pour Frank Williams qui avait dû pâlier en dernière minute aux départs successifs de Reutemann qui n’avait pas digéré la perte du titre 1981 et de Alan Jones, champion 1980.
La saison 1982 de Formule 1 compte parmi les plus étrange de l’histoire de la discipline. Sur le papier la Williams propulsée par le V8 Ford Cosworth ne peut pas lutter face à l’armada des moteurs Turbo qui équipent les Renault et Ferrari. Mais la lutte intestine entre Prost et Arnoux dans le team français, la disparition tragique de Villeneuve à Zolder et l’accident de Pironi à Hockenheim, redistribuent totalement les cartes. Avec 11 vainqueurs sur les 16 épreuves du calendrier, c’est la régularité qui est récompensée et à ce petit jeu c’est Rosberg qui tire les marrons du feu avec 1 victoire en France et six podiums au total sur 10 arrivées dans les points. Au soir du dernier Grand Prix il est donc titré avec cinq unités d’avance sur Pironi.
Pour les observateurs, le Finlandais est un champion au rabais, indigne de ces prédécesseurs. Il fera taire les quolibets l’années suivante à Monaco.
Il remportera trois autres succès en 84 et 85, toujours pour Williams mais avec le moteur Honda dans le dos, avant de rejoindre McLaren en 1986 suite à une brouille avec Frank Williams. Keke avait en effet appris que le Britannique avait essayé de le remplacer pour 1983 avant de se raviser une fois Rosberg titré. Un désaveu inacceptable pour le Finlandais même trois ans plus tard.
C’est en 1985 qu’il signe son dernier exploit en s’adjugeant la pole position à Silverstone à la vitesse moyenne de 259.005 km/h. Un record qui tiendra presque 20 ans et ne sera battu, une première fois qu’en 2002 avec Juan Pablo Montoya tournant à une vitesse moyenne de 259.827 à Monza, toujours au volant d’une Williams. Aujourd’hui c’est Lewis Hamilton qui détient ce record avec un tour de la piste italienne bouclé à plus de 264 km/h.
Une dernière pour la route…
1986 aurait pû être une belle année pour lui dans une saison disputée jusqu’au dernier Grand Prix avec un dénouement digne des plus grands films hollywoodiens. Le titre revenant finalement à son équipier Alain Prost face aux Williams de Mansell et Piquet. Mais Rosberg ne s’est jamais vraiment acclimaté chez McLaren, en avait-il seulement envie ? De plus en plus accaparé par ses affaires il décida de quitter la discipline en terminant sixième du championnat, loin du trio de tête.
Il reviendra dans le paddock en tant que commentateur avant d’essayer de revenir en 1989 avec Benetton qui refusa ses services. Il reprendra le volant dans le championnat du monde de voitures de sport au volant de la Peugeot 905 puis en DTM mais sans rencontrer le succès.
Une fois le casque définitivement raccroché il jouera les mentors pour les jeunes Finlandais désireux de suivre ses traces en F1. C’est ainsi qu’il participa à l’arrivée de JJ Lehto et Mika Hakkinen dans la catégorie reine avec le succès que l’on sait pour le deuxième cité. Pendant ce temps-là, le jeune Nico limait le bitume de la piste de karting familiale…
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